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Jean-Jacques Audubon, les oiseaux d'Amérique


J-J Audubon

Audubon: le geai à face noire

Geai à face noire
Black-throated Magpie-Jay

Les oiseaux d'Amérique : p.1   >  p.2   >  p.3

L'œuvre ornithologique d'Audubon comporte deux volets : les 435 planches des Oiseaux d'Amérique (Birds of America), monument de la représentation naturaliste, dessinées de 1808 à 1838, publiés en Angleterre de 1828 à 1838 et les 435 textes des Vies d'oiseaux (Bird Biographies) rédigés ensuite pour accompagner les figurations dans l'édition dite populaire, au format in octavo.

Henri Gourdin nous présente cette œuvre monumentale.

Les Oiseaux d'Amérique - Birds of America

par Henri Gourdin

« Les Oiseaux d'Amérique sont l'œuvre majeure d'Audubon (en dehors bien sûr de sa contribution à la naissance du sentiment écologiste). Il a réussi l'exploit de repérer, observer, représenter, décrire tous les oiseaux connus (à l'époque) du continent nord-américain. Il fut le premier (ses prédécesseurs étaient cantonnés dans les anciennes colonies anglaises et françaises ; il suivait la pénétration des Blancs vers l'intérieur, dans les Grandes Plaines et les Rocheuses) et le dernier (la conquête de l'Ouest a décimé plusieurs espèces) à y parvenir. Il identifia lui-même trente-cinq espèces nouvelles selon son décompte, en réalité vingt-trois espèces et douze sous-espèces.

Le repérage et l'observation des oiseaux d'Amérique est une performance en soi (ma biographie décrit les séjours d'Audubon aux confins de la "civilisation", ses randonnées avec les Indiens, ses expéditions en Floride, au Texas, au Labrador...). Leur représentation fait date également dans l'histoire de la représentation naturaliste, et pour plusieurs raisons. Les oiseaux sont figurés en vraie grandeur (ce parti l'oblige à replier le cou du grand héron et à multiplier les fauvettes sur une même planche), dans leurs décors de feuillage, de marais, de rivières, et dans un format inusité (le format dit double-éléphant-folio, 98 cm x 76 cm, bien connu des anciens imprimeurs). Surtout, Audubon donne vie à ses compositions : finis les spécimens empaillés, figés sur le perchoir cylindrique des conventions scientifiques ; ses oiseaux sont des êtres animés, volant, planant, plongeant, fondant sur une proie, chassant, picorant, déchirant. L'aigle d'Audubon darde sur le spectateur la prunelle inquiétante de son regard ; ses troglodytes d'hiver pépient dans le chapeau du jardinier ; son pélican se pavane fièrement ; son dindon sursaute au bruit du chasseur ; son engoulevent de Caroline pousse d'horribles cris et se démène comme un beau diable pour détourner de son nid la vipère qui le menace

S'agissant de la qualité artistique des planches, nous laisserons la parole au peintre Gérard, l'auteur du Napoléon au pont d'Arcole. Quand il rencontra Audubon à Paris en 1828 et que celui-ci ouvrit son grand album sur le parquet de l'appartement (il n'y avait jamais de table assez grande), il tomba à genoux pour les observer et s'écria, en se relevant :
"Monsieur Audubon, vous êtes le roi des peintres ornithologues. En France et en Europe nous ne sommes que des enfants. Qui aurait attendu de telles merveilles des forêts d'Amérique ?" »

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